Jacques DESBONNET
Jacques Desbonnet, dernier survivant du réseau « Voix du Nord », s’est éteint le 1er septembre 2024 à l’âge de 101 ans. Né le 27 février 1923 à Lambres-lez-Douai, il laisse derrière lui une histoire marquée par l’engagement, le courage et la mémoire.
En juin 1940, alors que les troupes allemandes envahissent le Nord de la France, la famille Desbonnet, installée à Douai, est contrainte de fuir après avoir subi les exactions de l’occupant. Jacques, alors âgé de 17 ans, prend la route avec ses parents, ses cinq frères, sa sœur et sa grand-mère. Après deux jours de marche, la famille trouve refuge dans le château de Buneville, dans le Pas-de-Calais.
Le 18 juin 1940, Jacques entend à la radio l’appel du général de Gaulle depuis Londres. Cette date scelle son destin : il entre en Résistance.
Ses premières actions sont simples mais audacieuses : jeter des clous sur les routes pour crever les pneus des véhicules ennemis, verser du sucre dans leurs réservoirs pour enrayer les moteurs, asperger les pneus d’acide ou encore inverser les panneaux de signalisation.
Un an plus tard, il rejoint un réseau de Résistance qui deviendra « Voix du Nord ». Il se spécialise alors dans le renseignement, repérant les installations ennemies pour les Alliés et enregistrant les informations sur microfilms. En 1942, alors qu’il tente de faire passer ces documents en zone libre, il est arrêté et emprisonné pendant neuf semaines, avant d’être relâché et de retourner à Douai. Là, il poursuit son engagement en aidant des Alsaciens enrôlés de force dans l’armée allemande à déserter.
Le 24 mai 1943, il est dénoncé et arrêté par la Gestapo. Incarcéré à la prison de Loos, près de Lille, il est placé à l’isolement. Soumis à de rudes interrogatoires, il n’est jamais torturé. Il passera un an en détention, jusqu’en mai 1944. À sa libération, il ne pèse plus que 37 kilos.
En 1945, il s’engage dans les forces d’occupation en Allemagne. À son retour en France, il intègre le service commercial de la Direction générale des Houillères.
Pendant des décennies, Jacques Desbonnet a sillonné les établissements scolaires de la région pour raconter son histoire. Avec un message toujours répété aux jeunes générations :
« Il n’y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. »
Dernier survivant du réseau « Voix du Nord » — dont le nom sera repris par le célèbre quotidien régional —, il a vu une rue de Douai et un arbre à Lambres-lez-Douai porter son nom. En septembre 2023, il avait été élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur.
Il s’est éteint le 1er septembre 2024, à l’âge de 101 ans.