Au début du mois d’août 1944, alors que la libération du territoire français s’accélère, les forces alliées intensifient leurs frappes sur les infrastructures stratégiques du Nord‑Pas‑de‑Calais. Les raffineries et dépôts de carburant, essentiels à l’armée allemande, deviennent des cibles prioritaires. Le 3 août, en début de soirée, un raid aérien est lancé par des bombardiers britanniques, parmi lesquels figurent des Lancaster et des Halifax. Les bombardements visaient les installations pétrolières situées à Courchelettes et Corbehem. Cependant, en raison d’imprécisions ou de mauvaises conditions de vol, certaines bombes dévient de leur trajectoire et s’abattent sur le centre de Lambres‑Lez‑Douai.
Le bilan de cette attaque est lourd. Plusieurs dizaines de civils perdent la vie, bien que le nombre exact reste difficile à établir. Le cœur de la commune est dévasté : l’église est entièrement détruite, de nombreuses habitations sont soufflées, et plusieurs bâtiments publics sont réduits en ruines. Les archives municipales, qui contenaient une partie précieuse de l’histoire locale, sont également anéanties dans l’incendie provoqué par les explosions.
Depuis cette tragédie, la commune de Lambres‑Lez‑Douai entretient activement le souvenir des victimes. Un monument aux morts a été érigé pour leur rendre hommage. Chaque année, le 3 août, une cérémonie est organisée en leur mémoire, en présence des habitants, des élus locaux et d’anciens résistants. À Courchelettes, une tombe collective accueille également certaines victimes du bombardement, soulignant la solidarité entre ces deux communes frappées par le même drame.
L’église de Lambres-Lez-Douai a été reconstruite en 1963, redonnant un visage à une ville profondément marquée. Toutefois, la perte des archives anciennes représente une blessure durable, privant la commune d’un pan entier de son passé. Aujourd’hui encore, le souvenir de cette journée reste vivace dans la mémoire collective. Les commémorations, les plaques commémoratives et les tombes témoignent de cette page sombre de l’histoire locale, rappelant le prix humain d’une guerre pourtant menée pour la liberté.